Couverture du journal du 19/03/2025 Le nouveau magazine

Femmes du Medef Landes : plus visibles et plus fortes 

L’organisation patronale dispose désormais de son réseau dans les Landes. Lancé à Mont-de-Marsan le 16 janvier, et 29e du genre à l’échelle nationale, ce mouvement vise à consolider la place des femmes dans l’économie du département.

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La quarantaine de femmes cheffes d'entreprises qui ont assisté au lancement du réseau Femmes du Medef Landes, avec au premier plan la marraine du réseau, Geneviève Darrieussecq, Patricia Vialle (Medef) et Ikram Moreno (Medef). © E. V.

Elles sont une quarantaine, majoritairement cheffes d’entreprises, à s’être dégagé une matinée, dans un agenda souvent surchargé, pour assister au lancement du réseau Femmes du Medef Landes. La rencontre a lieu dans un salon confortable de l’hôtel Renaissance, à Mont-de-Marsan. À la manœuvre, Patricia Vialle, la patronne du Medef dans les Landes, qui codirige les Établissements Abel-Crabos (spécialistes de la plume et du duvet) à Saint-Sever, et Ikram Moreno, dirigeante de l’entreprise d’aménagement paysager Gonelle à Rivière-Saas-et-Gourby, qui prend la tête de ce nouveau mouvement. En « guest-star » chaleureusement applaudie, Geneviève Darrieussecq, qui a accepté d’en être la marraine, et qui dit « savourer quelques jours de vacances » après une fin d’année politiquement très mouvementée, avant de reprendre son mandat de députée.

Sororité et pugnacité

« Il faut rayer de votre vocabulaire le mot « petite entreprise ». Les femmes disent souvent qu’elles dirigent des « petites entreprises ». Non ! Vous êtes à la tête d’entreprises, point barre », s’exclame Patricia Vialle, sous les applaudissements d’un auditoire déjà conquis. Le ton est donné : les femmes ont leur place dans l’économie, elles ne sont pas là pour s’excuser ni demander la permission. C’est d’ailleurs la raison d’être du réseau Femmes du Medef Landes, le 29e à l’échelle nationale et le troisième en Nouvelle-Aquitaine (après la Gironde et la Charente-Maritime). « Ce réseau va permettre aux femmes cheffes d’entreprise d’être plus visibles et de se structurer », explique Ikram Moreno, qui en assure le pilotage et qui organisera, a minima, une réunion thématique par mois. L’occasion pour les adhérentes de faire connaître leur boîte et de signer des contrats ? « Ce n’est pas l’objectif premier. Bien sûr qu’il y aura du réseautage, c’est naturel, mais c’est secondaire. L’objectif, c’est vraiment pour les femmes de partager leurs expériences de cheffe d’entreprise. Avec ce réseau, elles vont trouver une colonne vertébrale et de la reconnaissance », recadre Patricia Vialle, que le patron du Medef, Patrick Martin, a missionnée pour féminiser les instances de l’organisation patronale et déployer ce réseau féminin dans tout le pays.

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Lancement le 16 janvier du réseau Femmes du Medef Landes à l’hôtel Renaissance de Mont-de-Marsan. © E. V.

Tordre le cou à l’autocensure

« Reconnaissance », le mot n’est pas anodin. Il résonne avec « légitimité » et « confiance en soi », maintes fois entendus dans les discours et les échanges informels de cette matinée du 16 janvier. Car, entre 1 000 obstacles, l’autocensure apparaît encore comme l’un des plus coriaces sur la route de l’entrepreneuriat féminin. « Il est temps que les femmes s’autorisent enfin à devenir cheffe d’entreprise », martèle Vanessa Lavaurs. La trentenaire a monté sa franchise d’aménagement extérieur Daniel-Moquet, à Mont-de-Marsan, il y a huit ans. « Sur 250 franchises nationales, on n’est que 12 femmes à en diriger une », contextualise-t-elle. Les débuts n’ont pas été simples, dans un secteur considéré comme très masculin. « Je me suis pris des remarques et des comportements sexistes. Ça pouvait être un fournisseur qui ne me répondait pas parce que j’étais une femme, ou un client qui me voyait arriver sur un chantier et qui pensait que je ne saurai pas faire. Alors, j’y suis allée à fond et j’ai fait mes preuves », résume la patronne de 10 salariés (10 hommes !). Vanessa Lavaurs rejoint donc le réseau Femmes du Medef Landes pour s’offrir « des moments de partage, une façon aussi de m’octroyer du temps ».

On décèle, alors, dans la présence de ces cheffes d’entreprise une démarche personnelle, quasi introspective, où la dimension psychologique occupe, en tout cas, une part importante. Anne-Claire Saunier, 39 ans, valide le ressenti. À la tête de Saco Formation, une entreprise de formation et de coaching professionnel qui emploie trois salariés, la jeune femme est déjà adhérente du Medef. « J’y ai développé une capacité à développer mes propres capacités. En fait, j’ai appris à lever la tête. Quand tu entres dans une pièce et que tu sais de quoi tu es capable, derrière, le contrat avec le client est signé ! », sourit-elle.

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Patricia Vialle, patronne du Medef dans les Landes et responsable national du réseau Femmes du Medef, la députée et marraine du réseau, Geneviève Darrieussecq, et Ikram Moreno, la responsable du réseau Femmes du Medef Landes. © E. V.

« Je veux une société équilibrée »

Médecin, mère de quatre enfants, femme politique, ministre à plusieurs reprises, Geneviève Darrieussecq a partagé son parcours, guidée par la spontanéité – « J’ai passé tous mes examens de médecine enceinte ! Tout le monde réfléchit à tout aujourd’hui, calcule si c’est le bon moment. Ce qui est le plus urgent, on le fait. Petit à petit, on y arrive et on progresse » – et sa vision de la place des femmes dans la société : « Je ne veux rien déconstruire, moi. Je veux une société équilibrée. Faites-vous confiance, personne ne le fera à votre place. Tout ce que vous faites, il faut le faire à fond et avec loyauté. C’est passionnant d’être en responsabilité, d’être cheffe d’entreprise, de ne pas subir. » Un discours salué par le réseau Femmes du Medef Landes, et qui correspond aux valeurs que son équipe aimerait porter, notamment auprès des jeunes filles, en organisant des rencontres dans les collèges et lycées du département, à l’heure décisive de l’orientation scolaire et professionnelle.