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La Maison de l’Espadrille, du Béarn à la côte landaise

Chaque jour, 800 paires d’espadrilles sortent de l’usine de Messanges où l’entreprise familiale soixantenaire perpétue la tradition.

Jean-Claude Arauzo La Maison de l’Espadrille

Jean-Claude Arauzo © J. D.

Qu’il semble loin le temps où les parents de Jean-Claude Arauzo allaient porter les semelles et le tissu dans les fermes de Géronce (Béarn) ou de Pomarez, où les femmes cousaient les sandales de corde au coin de la cheminée. Aujourd’hui, les modèles 100 % cousus main de la Maison de l’Espadrille, fondée dans les années 1960 à Oloron-Sainte-Marie, sont fabriqués dans la Rioja en Espagne.

200 RÉFÉRENCES DONT UN MODÈLE TYPÉ STAN SMITH

Pour le reste de la production (environ 70 %), les machines se sont mises à imiter le point cousu main. Dans l’usine de Messanges, le travail reste, malgré tout, très manuel, avec des étapes ritualisées de la toile à la semelle. Car il faut découper le patron à la bonne taille sous la presse surpuissante, coudre les tissus à la machine, enrouler la tresse pour fabriquer en un rien de temps la semelle, placer les billes de caoutchouc à fondre quelques minutes dans des moules à 140°C pour créer le fond de sandale et assembler le tout.

200 références au total, des classiques unies, à rayures, des fantaisies à fleurs, à pois ou à fruits, même des modèles imitation baskets Stan Smith en semelle de jute, et de nouvelles collections chaque année.

La Maison de l’Espadrille (huit boutiques dans le Sud-Ouest et 50 salariés l’été, 40 l’hiver) affiche un chiffre d’affaires stabilisé à 12 millions d’euros depuis plusieurs années. « L’univers de la mode recommence à nous demander des échantillons depuis l’an dernier, il y a une nouvelle demande. Si on voulait augmenter encore, il nous faudrait agrandir, changer de site, mais c’est bien comme cela, on ne cherche pas à faire plus », confie le dirigeant qui a repris le flambeau familial, avec son frère Alain, à la fin des années 1980.

25 % DE L’ACTIVITÉ À L’EXPORT

Tout est parti d’Oloron-Sainte-Marie, dans l’usine d’espadrilles Bordenave & Fils où travaillait leur père, Louis Arauzo. À la fermeture des établissements béarnais en 1960, celui-ci rachète une partie du matériel et crée avec sa femme Yvonne sa propre société. Depuis, la Maison de l’Espadrille n’a cessé de prospérer. Des 600 m2 des débuts à Oloron, rapidement devenus trop petits, la fabrique occupe aujourd’hui 2 000 m2 à Messanges, après un crochet par Vieux-Boucau il y a une trentaine d’années. Et avec elle, toute la famille a déménagé, franchissant le Gave pour le nord de l’Adour. Pour ces Béarnais devenus Landais, s’installer sur la côte était une évidence. « On venait faire les saisons ici pour vendre nos espadrilles, et tous les vendredis de l’année quand l’usine fermait à Oloron, on filait vers la plage », se rappelle Jean-Claude Arauzo. En changeant de département, la petite entreprise qui a fourni Artiga ou les tricots Saint-James, s’est aussi internationalisée : « Il y a une quinzaine d’années, on vendait presque exclusivement en France, assure le patron. Aujourd’hui 25 % de nos fabrications sont écoulées à l ’étranger, du Japon à l’Italie et la Belgique. »