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Influenza aviaire : les éleveurs mobilisés face au risque

Un premier cas d’influenza aviaire hautement pathogène a été détecté dans les Ardennes, le 9 septembre dernier. Dans les Landes, les éleveurs de palmipèdes se préparent à une éventuelle arrivée du virus qui a déjà mis à mal leur production trois fois en six ans.

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François Saint-Martin explique les aménagements qu’il a réalisés sur son exploitation pour pouvoir confiner ses animaux © CÉCILE AGUSTI

Anticipation et adaptation. Voilà les deux mots d’ordre répétés à de nombreuses reprises par le président François Lesparre, le jeudi 9 septembre, à l’occasion de la rentrée syndicale de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Après une année douloureusement marquée par un troisième épisode d’influenza aviaire (après ceux de 2015-2016 et 2016-2017), les éleveurs de palmipèdes sont conscients qu’ils ne résisteront pas à une quatrième crise de cette envergure. Or, la disparition de la filière serait dramatique sur le plan économique. Dans les Landes, 800 exploitations possèdent un atelier de palmipèdes à foie gras. Le secteur représente 7 300 emplois directs et 16 000 emplois indirects. C’est le deuxième pôle économique du département avec un chiffre d’affaires de 438 millions d’euros. Alors pour préserver ce fleuron de l’agriculture landaise, les éleveurs sont mobilisés. Outre les mesures de biosécurité déjà bien en place depuis plusieurs années, mais qui n’ont pas réussi à endiguer la virulence de la vague infectieuse du début de l’année, la profession s’est préparée à mettre les animaux à l’abri en cas de besoin. Même les producteurs les plus traditionnels. C’est ce que la FDSEA a voulu montrer en invitant la préfète Cécile Bigot-Dekeyzer, le député Boris Vallaud et la vice-présidente du conseil départemental Dominique Degos, sur l’exploitation de François Saint-Martin, à Doazit.

PRÊTS À CONFINER LES ANIMAUX

Dans un département où l’élevage en liberté est presque une religion, se résoudre à confiner les canards est loin d’être naturel. D’ailleurs, l’hiver dernier, François Saint-Martin qui élève 13 lots de 400 palmipèdes par an avait obtenu une dérogation pour laisser ses animaux accéder à l’extérieur. Une décision qu’il regrette aujourd’hui. « J’ai dû clôturer le parcours pour que les canards n’aillent pas trop loin. Finalement, ils étaient au ras des bâtiments, tout le temps dans la boue, ce qui est loin d’être satisfaisant. Mais surtout, j’ai été foyer influenza en début d’année. Ce n’est pas évident à vivre ! » Alors cette année, pour limiter le risque au maximum, il a décidé d’adapter son exploitation pour pouvoir mettre les animaux à l’abri si le niveau de risque est relevé. Pour que les travaux ne lui coûtent pas trop cher, il a aménagé un ancien bâtiment inutilisé et acheté deux cabanes déplaçables à un voisin. « Je les ai montées sur plots pour gagner de la hauteur. Et comme pour mes bâtiments d’élevage, je vais les équiper de filets sur rails sur toute une façade. Ainsi, je peux apporter l’aliment à mes canards, sans avoir à entrer dans le bâtiment. J’ai tout réorganisé par rapport à l’hiver. Même la paille est sous filets ! J’espère ne pas avoir à confiner mes animaux… mais tout est prêt pour le faire. »