Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Éco Transformation : une seconde vie pour le bois local

À Saint-Lon-les-Mines, Éco Transformation collecte, trie et valorise les déchets bois des entreprises et collectivités régionales. Reprise par Pierre Mouyen, il y a un an, l’entreprise se modernise et se développe. Elle envisage même de créer du biocarburant d’ici deux ans.

Eco Transformation

© D. R.

Palettes, cageots, dévidoirs, madriers et autres résidus de sciure : le bois aussi finit en déchets. Mais le matériau fait partie des plus facilement recyclables. À Saint-Lon-les-Mines, Éco Transformation (ex-Seosse) s’en est d’ailleurs fait une spécialité. En 15 ans, l’entreprise a valorisé 1,7 million de tonnes de déchets bois en énergie ou en solutions sur mesure pour différentes applications et besoins industriels.

Eco Transformation Pierre Mouyen

Pierre Mouyen © D. R.

Ancien directeur d’activité du site, Pierre Mouyen en a repris les rênes en mars 2021, lorsque le fondateur, Bernard Seosse, a souhaité prendre du recul. Épaulé par son fils, Louis Mouyen, et soutenu par ses partenaires financiers, le business angel Pierre Chevalley, la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et la Banque Postale, il a entrepris de la moderniser et de la développer. Plus d’un million d’euros ont ainsi été investis ces 12 derniers mois. « Notre métier consiste à collecter, trier et transformer les déchets bois en de nouvelles matières premières, explique Pierre Mouyen.

Notre métier consiste à collecter, trier et transformer les déchets bois en de nouvelles matières premières

ÉCO TRANSFORMATION EN CHIFFRES

135 000 tonnes de déchets valorisés chaque année

7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021

33 collaborateurs

7 sites

Grâce au savoir-faire de notre équipe de spécialistes, nous sommes capables de nous positionner sur toutes les tailles de marchés : des grandes métropoles comme Agen, Bordeaux ou Toulouse, à la TPE ou PME régionale, en passant par les géants Suez Environnement, Veolia et bien d’autres. Pour autant, pour rester compétitifs, nous avions besoin d’améliorer la performance de notre chaîne logistique. »

Depuis un an, l’entreprise a donc réalisé sa transformation digitale grâce à un logiciel métier lui permettant une meilleure gestion de la logistique, de la production et des clients. Les repreneurs ont également fait l’acquisition d’un camion polybenne, d’une remorque pour mieux se positionner sur la collecte, et de nouveaux broyeurs.

Et d’autres changements sont à venir. Éco Transformation a en effet été retenue dans le cadre de l’appel à projets Usine du futur, lancé par la Région Nouvelle-Aquitaine. Cela lui permettra de co-financer une nouvelle chaîne de production, en remplacement de celle utilisée actuellement sur son site de Saint-Lon-les-Mines. Elle sera lancée dès la fin de l’année. « Nous bénéficierons ainsi d’une nouvelle unité de transformation du bois à la pointe de la performance économique, sociale et environnementale. Elle nous permettra de gagner en productivité et en rentabilité. »

QUAND LE DÉCHET DEVIENT PRODUIT

À partir des déchets de bois collectés, Eco Transformation propose différentes valorisations.

  • Biomasse pour les collectivités : 40 % des déchets servent à l’approvisionnement des chaudières industrielles ou de bâtiments collectifs comme des salles de sport, des lycées, des maisons de retraite… Cela évite l’utilisation de bois issus de forêts.
  • Matière première pour la fabrication de panneaux de particules : ce marché actuellement important utilise entre 60 % et 70 % de bois recyclé dans son process de fabrication.
  • Valorisation énergétique avec des chaudières équipées de traitement des fumées.
  • Alternative aux désherbants : grâce à la production de BRF (Bois Raméal Fragmenté), utilisé comme paillage.
  • Les déchets sont aussi valorisés par exemple comme sol amortissant pour des supports d’aires de jeux ou comme litière pour les animaux dans le secteur agricole.

DIVERSIFICATION DANS LES BIOCARBURANTS

Parallèlement, Pierre Mouyen travaille sur un nouveau projet de recherche et développement.

« Aujourd’hui, seuls les bois de classe A (non traités) et de classe B (faiblement traités, peints ou vernis) peuvent être valorisés, reprend-il. Jusqu’à maintenant, les bois de classe C (imprégnés, contaminés et/ou dangereux) étaient voués à une élimination en décharge. Mais un nouveau process a vu le jour, qui permet de les valoriser en biocarburants. »

La technologie fonctionne déjà à l’étranger et permet de produire différentes formes d’énergies (électricité, chaleur, vapeur et hydrogène). L’inventeur de la solution va créer une entreprise commune avec Éco Transformation pour un déploiement de la technologie en France. Une levée de fonds est en cours. Un industriel a déjà noué un partenariat avec l’entreprise landaise, lui donnant l’exclusivité de la distribution de carburants. « L’objectif est de créer deux unités en Nouvelle-Aquitaine, dont une à Saint-Lon-les-Mines. » La première devrait être mise en route d’ici deux ans et la deuxième un an plus tard.

« Ce qui est remarquable dans ce projet, c’est qu’il permet de recycler un déchet qui ne pouvait pas l’être jusqu’à maintenant. Il n’y aura donc pas de conflit d’usage avec les autres débouchés de nos productions. Et pour aller au bout de cette logique d’économie circulaire, les biocarburants produits ici seront consommés ici. Face à la dépendance croissante de l’importation d’énergies fossiles, cette innovation est une aubaine pour tendre vers l’indépendance énergétique des territoires. »

Le projet aura en outre l’avantage de créer de nouveaux emplois. D’ailleurs, sans attendre cette nouvelle diversification, Éco Transformation embauche des salariés pour accompagner son développement actuel. Elle recherche actuellement des conducteurs et des techniciens de plateforme : trois basés dans les Landes et deux en Gironde.

UNE PRÉSENCE RÉGIONALE

Pour intervenir au plus près de ses clients, Éco Transformation dispose de sept sites en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie :

  • deux dans les Landes à Saint-Lon-les-Mines (siège) et Uchacq-et-Parentis ;
  • deux en Gironde, à Bassens et Mérignac ;
  • un dans le Lot-et-Garonne, à Boé ;
  • un en Charente-Maritime, à Tonnay-Charente ;
  • et un en Haute-Garonne à Bruguières.

Un huitième site ouvrira dans le Tarn en septembre prochain.